mercredi 22 octobre 2008

prunes pochées aux épices et à la mélasse de grenade


J'aime bien les fruits pochés ; je trouve qu'ils font des desserts à la fois simples et élégants, et qui se laissent toujours manger par les estomacs les plus gavés par le repas qui a précédé. Après les poires et les abricots, j'ai donc décidé d'essayer une recette de prunes pochées.

L'idée à vrai dire m'est venue de ma maman ; lors d'une raclette de fin d'été, faite du fromage de Tequila, la vache de mon beau-père (qui en réalité est physiothérapeute mais c'est un tel gourmand et gourmet qu'il s'est acheté une vache d'hérens pour la production de fromage...), elle avait préparé deux compotée de fruits pochés, enfin je ne sais pas si compotée est le terme exact, car les fruits étaient entiers, mais aussi cuits et fondants, bref : l'une de pêches de vigne, l'autre de pruneaux, et c'était délicieux.

Invitée à mon tour à une fondue en terrasse (si si, en octobre : la soirée était belle encore et c'était comme un défi de manger encore une fois dehors avant l'hiver), et à y amener un dessert, j'ai recyclé le concept en improvisant la recette suivante :

Pour six desserts de gens repus :
- 800g à 1 kg de prunes
- 3 cs de sucre brun
- 10 grains de poivre noir
- 3 clous de girofle
- 2 sachets de sucre vanillé - ou une gousse de vanille et 1 cs supplémentaire de sucre brun
- 2 bâtons de cannelle
- 2 dl de mélasse de grenade
- 7 à 10 dl d'eau (selon le poids des fruits et votre jugé)

Laver et sécher les prunes, avant de les couper en deux et de retirer leurs noyaux. Faire bouillir l'eau, la mélasse de grenade et le sucre brun dans une casserole. Dès ébullition, y ajouter les épices (gousse de vanille fendue le cas échéant), et les prunes. Laisser cuire à feu doux pendant 5 à 10 minutes. Les prunes doivent être bien cuites et fondantes, mais ne pas se défaire intégralement, rester attentif/ve.

Egoutter les prunes en récupérant le sirop dans un bol posé sous la passoire. Faire cuire ce jus encore 5 à 10 minutes, jusqu'à une consistante sirupeuse. Filtrer le sirop en le reversant sur les prunes, en retirant la cannelle, la girofle dans une passoire posé sur votre saladier (tout le monde suit toujours, les positions des passoires ?). Vous pouvez laisser les grains de poivre noir dans les fruits, ça croque piquant tout à fait délicieusement au milieu de tout ce moelleux sucré.

Note esthétique : j'avais pris un mélange de prunes jaunes et violettes, mais au vu de la couleur finale de mon sirop, cela ne me parait pas indispensable

L'autre avantage des fruits pochés ? Ils se promènent volontiers dans leur sirop et dans une boîte en plastique (genre Tup...re), lorsque l'on doit les transporter, et en scooter c'est bien plus pratique qu'un gâteau.

En saladier chez vous ou en boîte en plastique dans un coin de la cuisine de vos amis, laisser macérer jusqu'au repas, et déguster à température ambiante.

lundi 20 octobre 2008

tajine en romertopf au poulet, navets et carottes en couleurs


Lorsque mon amoureux et moi on a emménagé ensemble, l'inventaire de la cuisine fut fastidieux : faire un choix parmi les vieilles assiettes Ikea, c'était facile, on a d'ailleurs fini par toutes les changer. Jeter les verres en trop, c'était futile, vu comme on est brutaux quand on fait la vaisselle, on n'en a plus un qui a vécu le déménagement. Echanger mes vieux couteaux pourris contre les siens qui coupent, c'était utile.

Par contre, c'est ce que je nommerai le "haut du placard" qui a été plus difficile à trier. Deux caquelons à fondue, tout le monde est d'accord, ça ne sert à rien. Si vraiment vous voulez faire de la fondue pour douze, il y en a bien un des dix autres qui pourra amener le sien. En plus, la fondue, c'est mieux au bistrot, surtout dans un trois pièces. Mais lequel garder ? Le vieux de ses grand-parents avec son réchaud en fer forgé, ou le plus récent prune et inox, offert par une ex-belle famille ? Décision sans heurts, entre un souvenir de ses grands-parents chéris et celui d'une ex-belle-mère envahissante... Vite vu.
Et les quatorze vases, ils sont vraiment tous différents ? Celui pour les tournesols, il irait vraiment pas pour des lys ? On les garde tous ?

Et comment on va cuisiner à la vapeur ? Avec mon machin à paniers en plastiques ? Avec le panier du ricecooker ? Avec celui en osier acheté au thaï du quartier ? Avec la marmite à vapeur qui pèse 3 tonnes ? Cette fois, on a gardé le moderne et le léger, et la marmite à vapeur attend son heure dans un carton à la cave.
Et les woks ? C'est bien deux woks, non ? On ne sait jamais, si on fait un curry pour vingt... ?

Pour ne rien arranger, depuis, on a récupéré la vieille centrifugeuse de mon enfance que papa allait jeter, acheté une machine à café rétro parce que quand même c'est meilleur qu'en cafetière sur la plaque, développé ma collection de casseroles avec deux splendides Hotpan écologiques, investi dans un second ricecooker plus petit parce que c'était quand même bête d'avoir besoin de quatre invités pour que ça vaille le coup de faire du riz, trouvé un plat à gratin super rustique dans une brocante... La cuisine n'est pas plus grande mais elle se réaménage, au jour le jour, selon nos différentes lubies et trouvailles.

Mais pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ?

Pour vous parler d'une des survivantes de ces grands tris, dont l'avenir n'était pas assuré à la base : la romertopf. Elle est arrivée dans ses cartons à lui, je l'ai observée en chien de faïence pendant une bonne année. Avant de me décider, enfin, à le questionner un peu, et à surfer aussi un peu sur les sites de cuisine pour oser approcher la chose.

Je me disais bien que ce serait sûrement bon mais quand même... déjà le poids. Ensuite le look. Enfin l'histoire du trempage. Tout ça ne me paraissait pas très nouvelle cuisine et innovations gustatives. Et bien j'avais tort. La romertopf, c'est top ! Vous jetez n'importe quoi dedans, et à condition d'avoir devant vous le temps de cuisson nécessaire, ça sera merveilleux. Et c'est le genre d'accessoire qui permet de boire l'apéro tranquille au salon, sans s'inquiéter une minute de l'heure de passer à table. Le coup de feu ? Vous parlez de quoi, là ?

On peut y faire plein de viandes et de poissons, pour ma part je me suis cantonnée plutôt au poulet rôti et ses variantes jusque là, et à l'agneau préalablement sauté dans un wok (ou dans l'autre). Mais l'amoureux y a fait cuire il y a quelque temps deux dorades parfaites.

La faire bien tremper, surtout, au moins une demi-heure, couvercle et base. N'ajouter quasi aucun liquide, sinon, soupe assurée. Ni de graisse d'ailleurs, celle de la viande suffira. Et ne la lavez jamais au savon, frottez juste à l'eau.

Rêvant l'autre jour de topinambours, je me suis ruée sur la recette d'Anaïk, une tajine de poulet aux légumes retrouvés. Or, ai-je appris à mes dépens fin septembre, ce n'est pas du tout la saison du topinambour, il arrivera plus tard.

J'ai donc adapté la recette au marché du jour, qui proposait, à côté des carottes oranges que l'on connaît, une très jolie botte de carottes rouges - non, pas des betteraves, des carottes nouvelles de couleur rouge. Elles étaient si jolies que j'ai tout de suite décidé de les cuire entières.

Tajine de poulet au romertopf, pour quatre personnes :

- 1 beau poulet, coupé en morceaux par votre boucher, façon "chasseur"
- 2 navets
- 4 pommes de terre
- 4 belles carottes
- 1 botte, soit environ 12, carottes nouvelles, rouges c'est plus joli
- 1 tête d'ail nouveau
- 1 demi-bouquet de persil
- 1 bouquet de coriandre
- 3 doses de safran en poudre
- 3 centimètres de gingembre frais, à râper
- du sel et du poivre

Faites tremper votre romertopf pendant une demi-heure. Pelez vos navets, vos carottes, vos pommes de terre. Coupez-les en morceaux grossiers, sauf les carottes nouvelles. Jetez-les au fond de votre romertopf essuyée, et parsemez de persil haché. Ajoutez les différentes épices, du sel, du poivre. La cuisson se chargera de mêler les saveurs. Répartissez un peu partout les gousses de la tête d'ail nouveau, juste épluchées de leur première couche.

Recouvrez les légumes de vos morceaux de poulet. Fermez la romertopf, et glissez-la dans le four froid pour deux heures à deux heures et demie. La peau du poulet doit être bien dorée. Servez avec la coriandre fraiche hachée.

J'ai accompagné cette recette d'un mélange de riz basmati et de riz rouge sauvage, cuit dans le ricecooker qui occupe le rebord de la fenêtre...

mardi 14 octobre 2008

pâtes fraîches au thon cru, se souvenir de donna hay

Il était un temps, j'étais libraire. Pas encore spécialement intéressée par la cuisine, j'ai découvert à cette époque-là la variété des possibles grâce aux papotages de mes collègues, mais aussi en feuilletant les ouvrages du rayon culinaire, de la cuisine italienne au Larousse gastronomique, du répertoire de cuisine suisse aux recettes subtiles des grands chefs.

Evidemment tout ça, c'était au tout début d'Internet, avant que les fichiers numériques n'aient remplacés ces bons vieux films à trous-trous, avant que chacune et chacun puisse confier ses secrets à tous en quelques clicks, avant l'invention du cuisinier-label genre Jamie Truc et Cyril Machin, quand les fiches recettes de Elle étaient encore jaunes comme une photo de soir d'hiver...

Un beau jour, Donna Hay est arrivée sur les rayons. Donna Hay, c'était la cuisine jolie dans un livre pas trop cher. C'était la fusion encore pas trop absurde. C'était la Betty Bossi des 20-40 ans (référence suisse, désolée pour les autres). C'était les photos prises de tout près et un peu floues par zones, mais tellement plus gourmandes qu'avant. C'est encore je crois, le livre le plus sale de nos cuisines, à mon amie D. et à moi. Et c'est probablement à elle qu'on doit l'achat de ce moule à muffins qui encombre nos placards depuis dix ans, et qu'on vient juste de ressortir parce qu'on est enfin dé-dégoûtées de tous ces apéros pâteux des années nonante.

Je fréquente moins les librairies, du moins je n'y vis plus quarante heures par semaine. Je suppose que Donna Hay a continué sa production, elle a forcément un site que je découvre en rédigeant ce billet.

Et je réalise encore quelques-unes des recettes de son tout premier livre traduit (où était-ce le deuxième ?). Comme par exemple ces pâtes fraîches au thon, parfaites pour un repas à la fois rapide, et classe.

Pour trois travailleurs de la fin des années nonante :

- 500g de pâtes fraiches
- 400g de thon très frais (préciser au poissonnier que c'est pour le manger cru)
- 2 citrons verts
- 150 g de parmesan (pas râpé, un morceau)
- 3 cs d'huile d'olive + 2 cc de peperoncini (ou de l'huile pimentée)
- 100g de rucola (la roquette, mais en Suisse on utilise son nom italien)

Coupez le thon en gros cubes. Chauffez l'huile dans une poêle, avec les peperoncini, puis filtrez-la pour ne gardez que le goût pimenté et ne pas vous arracher le palais. Lavez et hachez grossièrement la rucola. Faites des copeaux de parmesan, à l'aide d'un épluche-légumes ou d'un couteau très coupant. Pressez les citrons verts. Gardez chacun de ces ingrédients séparément.

Faites chauffer l'eau des pâtes, et lancez-y vos pâtes fraiches 2 minutes et pas plus, qu'elles restent al dente. Egouttez-les, et versez-les dans un plat. Mélangez-y le citron, la rucola, l'huile et au tout dernier moment, les morceaux de thon. Servez et parsemez chaque assiette des copeaux de fromage.


Le thon cuit instantanément à l'extérieur, grâce à la chaleur des pâtes et au jus de lime. Le mariage des goûts et à la fois simple et original. Bref, c'est toujours réussi, dix ans plus tard.

samedi 4 octobre 2008

les tartelettes au citron de deux inséparables

Ils sont deux à cuisiner mais c'est plutôt elle qui écrit, et souvent dessine. Ils m'ont lancé un défi avant l'été que j'ai mis du temps à relever. En un mot et trois lettres, la question était : Kap ? Soit étais-je Kap de réaliser ces tartelettes au citron de deux amoureux ?

En relisant les règles de ce jeu parti du Québec, je me rend compte que j'ai mis bien plus des deux semaines autorisées pour relever le défi ! Mais la vie est parfois bien remplie, et le moment idéal pour réunir graines de pavot et zestes de citron dans ma petite cuisine vient seulement d'arriver. J'en suis désolée pour la règle du jeu...

Des tartelettes prévues pour deux amoureux, j'ai fait une série de dix mini-tartelettes dégustées à trois, car l'amoureux et moi avions un invité.

Les ingrédients :

La pâte :
- 100g de farine
- 4 cc de beurre mou
- 2 cc de sirop d'agave
- 3 cc de graines de pavot
- un peu d'eau
- des haricots secs (pour la cuisson à blanc)

La garniture :
- 250g de séré mi-gras
- 2 cc de zestes de citron bio
- 2 abricots secs hachés
- le jus de 3 citrons
- 2g d'agar agar
- 2 cc de sirop d'agave

Préchauffer le four à 180 degrés. Mélanger les ingrédients de la pâte, pour obtenir une belle boule souple. L'étaler, découper des petits cercles avec par exemple un verre, et foncer vos réceptacles. En l'absence de moules à tartelettes dans mes placards, des papiers à muffins ou cupcakes ont très bien fait l'affaire. Garnir de haricots secs, et cuire quinze à vingt minutes.

Laissez refroidir et... enlevez les haricots !

Dans un grand bol, mélanger le séré, les zestes rapés et les abricots hachés. Pressez les trois citrons et porter le jus à ébullition, avant d'y ajouter l'agar agar que vous laisserez cuire 30 secondes environ, en fouettant. Versez le citron dans le bol, mélangez. Garnissez vos fonds de pâte de ce mélange onctueux, et laissez au frigo au moins une heure, ou jusqu'à l'heure du dessert.

Par rapport à la recette originale, j'ai augmenté d'une cuillerée la dose de pavot dans la pâte, et utilisé du séré pour la garniture, un produit laitier suisse qui se situe entre ce que les français nomment le fromage blanc, et le yoghurt. C'est plus ferme et plus acide mais très bon aussi. J'ai également sucré un peu la masse avec du sirop d'agave.

Ces délicieuses mini-tartelettes étaient à la fois légères et onctueuses, piquantes et douces, un véritable délice. Moi qui ai toujours de la peine à me lancer dans la fabrication de pâte maison, j'avoue avoir découvert que ça pouvait être tout simple, et m'être dit que j'allais recommencer.


C'est donc à mon tour d'inviter deux autres bloggeurs ou bloggeuses à poursuivre...

Soit dit en passant, moi j'aime mieux écrire Kap avec c et apostrophe, parce que je suis un peu réactionnaire dans le domaine de l'orthographe, et que je trouve plus joli cap' ;

Mais comme je n'oserai pas changer le nom de ce défi qui court d'un blog à l'autre depuis déjà quelque temps, je vais quand même demander "Alors, Kap ?" à Marion et à Gracianne.

Je les invite à tester, à leur choix, l'un de mes deux pestos. Le premier parce que c'est celui qui a eu le plus de messages sur mon plus jeune blog, et le second parce que publié parmi mes premières recettes, il n'en a eu aucun.

Mais aussi parce que les pestos, c'est bon, ça se mange de plein de façons, et que c'est l'une de mes préparations fétiches !

Je leur rappelle les règles du jeu que je n'ai pas respectées, et que l'on trouve ici.

Enfin, je remercie encore les chéchés pour leur invitation, et leur jolie recette...